Jeudi 3 novembre 2016 à 18h30 > Conférence "Signes mutilés et signes cryptés. Deux particularités de l'Écriture hiéroglyphique" par Laure Bazin-Rizzo
Dans le cadre de l'exposition temporaire "À l'école des scribes. Les écritures de l'Égypte ancienne", Laure Bazin-Rizzo, ingénieur de recherche en lexicographie, laboratoire d’excellence ARCHIMÈDE, propose le jeudi 3 novembre 2016, à 18h30, une conférence "Signes mutilés et signes cryptés. Deux particularités de l'Écriture hiéroglyphique".
Au cours des quelque 3600 ans de leur emploi, les hiéroglyphes firent l’objet de multiples réflexions et combinaisons par les scribes passés maîtres dans le maniement de ces "paroles du dieu". Reproduisant les différentes composantes du monde qui entourait les Égyptiens de l’Antiquité, ces signes au caractère éminemment figuratif possédaient en effet des particularités uniques en regard du reste des écritures connues.
L’un de ces traits les plus saillants réside dans leur caractère "vivant" et leur potentialité "magique", qui pouvaient s’activer dans des contextes bien précis. Cela explique d’une part les phénomènes de martelage de noms propres afin de nuire à la survie de la personne ainsi désignée, et, d’autre part, diverses pratiques – selon les types de textes, leur destination et les époques considérés – de suppression, modification ou mutilation des signes hiéroglyphiques représentant des êtres animés (hommes, animaux et certains dieux).
Un autre aspect, relevant du lien très étroit qu’ils entretenaient avec leur support, qu’il soit en deux ou trois dimensions, concerne les jeux graphiques. Les hiéroglyphes peuvent ainsi être agencés dans de courtes séquences sous forme de rébus sur les scarabées, les pièces d’orfèvrerie ou encore la statuaire ; mais aussi, majoritairement à partir du Nouvel Empire, mis en valeur dans des textes cryptographiques, soit à caractère ornemental (notamment pour la titulature royale sur les monuments ramessides), soit dans certaines compositions à caractère religieux et funéraire. D’autres hiéroglyphes, encore, furent parfois disposés, tels des acrostiches, dans des grilles de lecture à la fois horizontale et verticale, un peu à la manière de nos "mots croisés".
Ces systèmes de notation devenus de plus en plus complexes, dans les textes des époques ptolémaïque et romaine, induisirent du reste en erreur les générations ultérieures, qui ne maîtrisaient plus la science des hiérogrammates, et conduisirent à la conception erronée d’une écriture égyptienne antique purement symbolique.
Illustration : Stèle thébaine d’Amenmose avec graphies cryptographiques et acrostiche, XXIe-XXIIe dynasties, Bruxelles MRAH E.6823 (d’après L. Limme, Stèles égyptiennes, Musées Royaux d’Art et d’Histoire, Bruxelles, 1979, p. 36).
Entrée libre dans la limite des places disponibles