Sur le site de Lattes Saint-Sauveur, les recherches archéologiques menées depuis sa découverte en 1963 ont très largement confirmé la richesse du gisement et ses potentialités exceptionnelles en matière d'étude de l'habitat des premières sociétés urbaines de la France méditerranéenne.
LATTARA : UNE VILLE PORTUAIRE IDÉALE
C'est en effet un site exceptionnel qui se développe sur les 10 hectares de la réserve archéologique acquise par l'État et la Commune de Lattes en 1974, puis le Conseil Départemental de l'Hérault en 1984 : il offre à l'étude un système urbain complet, image idéale d'une ville portuaire se développant au bord d'une lagune, au débouché d'un fleuve côtier.
Le premier noyau du site de 3,5 ha, urbanisé à la fin du VIe siècle avant notre ère, et occupé ensuite de manière continue et intensive jusqu'à la période romaine, peut être considéré en effet comme l'un des exemples les plus parlants de l'origine la plus lointaine des villes actuelles. Il s'agit d'un des gisements clefs pour l'étude de l'évolution propre de la société indigène et des influences des apports méditerranéens qui ont enclenché puis accompagné le processus urbain, processus majeur de l'évolution des civilisations régionales.
UNE STRATIGRAPHIE PROPICE À L'ÉTUDE DES ÉVOLUTIONS HISTORIQUES
La position de la ville dans une zone lagunaire a incité les habitants à surhausser sans cesse le sol des maisons et des rues, amplifiant une stratigraphie épaisse, évaluée dans la zone fouillée à près de 5 m. Ces conditions de gisement sont particulièrement favorables à une étude de l'évolution des données de civilisation durant pratiquement tout l'Age du Fer et la transition vers l'époque romaine. Ce milieu souvent humide permet un enregistrement de l'évolution de l'environnement naturel dans lequel les hommes se sont installés, qu'ils ont largement exploité et modelé en fonction de leurs besoins. Les fouilles sur le site de la ville de Lattara fournissent à l'équipe pluridisciplinaire qui l'étudie un lot important d'informations sur les transformations du milieu à l'emplacement et aux abords immédiats de la ville, sur l'exploitation de ce milieu à des fins économiques (pêche, chasse, agriculture vivrière et spéculative...) et à des fins techniques (utilisation des matériaux de construction, terre, pierre, bois, roseaux ; exploitation du bois de feu, matières premières pour l'artisanat...).
UNE VILLE D'ÉCHANGES ENTRE LES DIVERSES SOCIÉTÉS MÉDITERRANÉENNES
L'avancement des programmes de recherche permet maintenant de connaître à la fois l'enceinte monumentale de la ville, son réseau viaire, l'évolution des habitations et des quartiers, et ses aménagements portuaires. L'analyse des activités domestiques, de l'économie agricole et artisanale de ses habitants, a fortement progressé d'année en année, mettant en évidence l'intensité des liens entretenus avec des commerçants méditerranéens de toute origine. Ces résultats font l'objet de publications scientifiques régulières (monographies Lattara).
UN SITE D'INTÉRÊT NATIONAL ET PROTÉGÉ PAR LES MONUMENTS HISTORIQUES
Conscient de l'importance du site, le Ministère de la Culture et de la Communication, la commune de Lattes et le Conseil Départemental ont uni leurs efforts pour en faire une réserve archéologique, y construire un musée archéologique, y établir un centre de recherche et un dépôt de fouilles. Le caractère exceptionnel de la conjonction d'un site de cette importance et d'une équipe de recherche performante vouée à son étude l'a fait inscrire dans la liste des sites d'intérêt national et protéger au titre des monuments historiques.
UN PROJET D'AMÉNAGEMENT DU SITE ARCHÉOLOGIQUE POUR UN ACCÈS AU GRAND PUBLIC
En 2012, la Métropole de Montpellier a également acquis le site archéologique. Ce transfert permettra d'aménager le site en parc archéologique pour l'ouvrir au public et y restituer les connaissances accumulées depuis plus de cinquante ans.
De par sa situation au cœur de la Métropole de Montpellier, à proximité du milieu naturel exceptionnel de la rive nord de l'étang du Méjean (Conservatoire du Littoral), il pourra jouer un pôle d'attraction touristique, de centre d'animation et de diffusion du patrimoine.
LA COUGOURLUDE, UN VILLAGE INDIGÈNE AVANT L'ÉTRUSQUE LATTARA
Découvert dans les années 1960 par Henri Prades, le site de la Cougourlude (« petite courge ») a livré aux équipes de l’Inrap, sur environ trois hectares, un important village de l’âge du Fer. L’occupation démarre vers 550 avant notre ère et ne se poursuit pas au-delà de 475 avant notre ère. La chronologie de la Cougourlude s'étale donc la période immédiatement antérieure à la fondation de Lattara (vers 525 avant notre ère) et la première phase d’occupation de l’agglomération. La présence d’un habitat aussi étendu, à quelques centaines de mètres à peine, soulève de nombreuses interrogations quant aux relations entre les deux sites en termes de complémentarité ou de dépendance. Si Lattara est un comptoir fondé par des négociants étrusques, des contacts répétés avec les populations indigènes ont pu favoriser l’implantation des nouveaux venus, les habitants de la Cougourlude ayant pu participer à l’édification de la ville.
Visitez le site avec Isabelle Daveau, archéologue responsable d'opération Inrap, et Lionel Pernet, conservateur du patrimoine, directeur du musée archéologique Henri Prades de Lattes : Les très riches heures du village gaulois de la Cougourlude à Lattes.