Jeudi 16 novembre 2023 à 18h30 > Conférence "Gallo-Romains, Wisigoths, Francs ? Septimaniens ! Peuplement et population de Septimanie du Ve au VIIIe siècle" de Claude Raynaud, directeur de recherche, CNRS, UMR 5140, Montpellier.
Dans le cadre de l'exposition "Septimanie. Languedoc et Roussillon de l'Antiquité au Moyen Âge", Claude Raynaud propose le jeudi 16 novembre 2023, à 18h30, une conférence "Gallo-Romains, Wisigoths, Francs ? Septimaniens ! Peuplement et population de Septimanie du Ve au VIIIe siècle
Entre période romaine et Moyen Âge, la fin de l’Antiquité voit se produire d’amples changements dont on connaît bien les aspects politiques et sociaux, tandis que l’évolution du peuplement reste bien mal perçue.
La région montpelliéraine bénéficie toutefois de sensibles avancées en ce domaine grâce à d’intenses recherches archéologiques conduites depuis la fin du XXe siècle.
Ce peuplement ne connaît pas l’effondrement traditionnellement rattaché à la dislocation de l’empire de Rome. C’est un bon siècle plus tard qu’apparaissent des signes de reflux démographique qui incombent à la redoutable pandémie de peste dite de Justinien, l’empereur qui fut lui-même touché par le bacille Yersinia Pestis mais s’en remit.
Redoublant d’attention à l’égard des facteurs biologiques qui caractérisent l’épidémie, et s’interrogeant sur les gestes adoptés à l’égard des malades, archéologues et généticiens travaillent en collaboration sur l’évolution du peuplement durant cette douloureuse épreuve.
Ces thématiques s’illustrent particulièrement à travers les recherches conduites sur l’ancienne île de Maguelone, devenue siège épiscopal précisément au VIe siècle.
Les chercheurs s’interrogent parallèlement sur la composition de la population. Le temps n'est plus où les archéologues n'hésitaient pas à qualifier un habitat, une église ou une nécropole de "wisigothique", au simple constat que ces vestiges étaient datés entre la fin du Ve et le VIIe siècle. Après les excès de cette archéologie "ethniciste", portée par des chercheurs sensibilisés à l'impact de l'invasion par les guerres du XIXe et du début du XXe siècle, se développa une approche opposée et tout aussi excessive, mettant au second plan les effets radicaux des "grandes migrations", comme il convenait désormais de qualifier les "invasions".
Si le courant "ethniciste" avait pêché par sa vision radicale du changement, envisagé sous l'angle du "grand remplacement", selon la formule chère à certains démagogues, la lecture "culturaliste" du second XXe siècle se montra aussi dogmatique dans sa lecture continuiste des phénomènes de société et de culture. Après avoir perçu les Ve-VIIIe siècles comme un temps de rupture, il s'agissait désormais d'envisager des processus longs de mutation, au sein d'une Antiquité prolongée.
Cette nouvelle orientation se justifiait par l'ambivalence des vestiges archéologiques, de portée rarement univoque, ainsi que par l'imprécision des datations, qui se prêtent mal à la caractérisation de l'évènement et du moment précis, favorisant plutôt l'appréhension des phénomènes de moyenne ou de longue durée.
Ainsi, Wisigoths, Arabes et Francs, dans le champ évènementiel de l'historien, devenaient invisibles à l'archéologue, au point qu’un collègue italien un brin provocateur pouvait demander dans un article retentissant : ma i barbari sono arrivati ?
L’exposition "Septimanie. Languedoc et Roussillon de l'Antiquité au Moyen Âge" témoigne du retour d'une approche "ethniciste", nuancée et prémunie des excès par les avancées considérables de l'approche "culturaliste", de mieux en mieux encadrée par les apports de la bio-archéologie.
Plaque-boucle à décor cloisonné, nécropole Les Horts, Lunel-Viel © Mario Marco, Site archéologique Lattara-musée Henri Prades
Entrée libre dans la limite des places disponibles